Déjà trois mois que je suis là. Enfin, je crois … J’ai arrêté de compter après Noël. Le coup de blues d’après fêtes de fin d’année a eu raison de mon moral.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on me fait ça.
J’ai vraiment dû faire une grosse bêtise pour écoper d’une peine si lourde. En plus, mes conditions de détention se détériorent de jour en jour. Je peux vous dire qu’on connait bien le phénomène de surpopulation carcérale, ici. Chaque jour voit son lot de nouveaux détenus qui arrivent, l’air hagard, alors que, dans l’autre sens, les libérations sont aussi rares que les regards adressés par ceux qui passent devant nous.
J’ai réussi à tisser quelques liens avec les codétenus les plus proches de moi. Physiquement proches, je veux dire. Tellement proches que je peux lire les consignes de nettoyage sur leurs étiquettes. Tiens, d’ailleurs, en parlant de nettoyage, ça fait un bail que la plupart d’entre nous n’y a pas eu droit. Un beau ramassis de cradingues qui puent la bave séchée, voilà ce que nous sommes.
C’est peut-être ça, notre crime …
Pourtant, il me semblait que c’était notre qualité première, avant le jour où …
Que cette odeur unique contribuait au lien indéfectible entre nous et eux …
Tu parles d’un lien.
De là où je suis, je l’ai déjà vu passer.
3 fois.
Sans même un regard vers moi.
Pire encore, il semblerait qu’il n’ait pas mis longtemps à me trouver un remplaçant. C’est carrément mon frère jumeau.
En tout propre.
En couleurs qui pètent.
En douceur pas encore usée par le temps.
Sans âme, quoi.
Famille de merde …
Il y a un bruit qui court, ici. Il parait que, après un certain temps de détention, une bonne moitié d’entre nous soit emmenée vers une destination finale peu réjouissante … du genre, très très finale, si tu vois ce que je veux dire.
En même temps, c’est peut-être mieux ainsi.
Vivre sans amour et oublié comme une vieille chaussette tombée derrière le sèche-linge pendant des années, très peu pour moi.
Parait que certains ont plus de chance que nous.
Qu’ils vivent heureux et aimés toute une vie. J’y crois … mais ce ne sera visiblement pas pour moi.
Allez, je vous laisse. Il est bientôt l’heure du grand lever de rideau de fer et, même si ceux qui passent devant nous aux premières minutes de la journée n’ont plus l’âge de ceux qui nous ont abandonnés depuis très longtemps, il arrive qu’ils nous regardent avec une douce nostalgie.
Et ça réchauffe le cœur.


l’odeur que ça doit-être quand on ouvre la porte…
Très bel article ! Je connais bien cette armoire à doudou, me baladant souvent dans ce centre commercial proche de Rouen… Je trouve que c’est une bonne initiative. Certes la plupart des parents ne se donne pas la peine de chercher le doudou perdu quand celui-ci est un doudou “classique”. Mais qu’en est-il de celui offert ou confectionner avec amour par Tati ou mémé ? Le bonheur de la maman découvrant le doudou perdu depuis des semaines…
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.N’hésitez pas à venir visiter mon blog.
au plaisir